Page:Ridel - Ma captivité dans les prisons de Séoul, 1901.pdf/122

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
114
MA CAPTIVITÉ

peu près du même âge, soixante-dix ans environ, et qui prit place au fond du cachot. En rentrant, elle jeta sur nous un regard de mépris et parut très étonnée qu’on la mit en semblable compagnie :

— Oh ! dit-elle, je ne dois pas rester longtemps ici, c’est sans doute par erreur qu’on m’a amenée ; car moi, je ne suis pas une voleuse, encore moins une Htyen-tjyou-akn (nom injurieux que les païens emploient pour désigner les chrétiens). Elle refusa la nourriture de la prison et se fit apporter du vin. Tout alla bien tant qu’elle eut de l’argent ; elle se montrait arrogante pour les pauvres chrétiens, qu’elle allait jusqu’à injurier. Cependant ses affaires ne tournèrent pas bien, elle ne reçut plus rien du dehors et fut prise de la fièvre typhoïde. Les trois chrétiennes se dévouèrent pour la soigner jour et nuit malgré son mauvais caractère, son mépris et ses injures. Elle resta cinq jours sans connaissance, et comme personne du dehors ne s’occupait d’elle, elle serait morte infailliblement, sans les bons soins de ces pauvres chrétiennes, qui ainsi se vengeaient noblement. Plus tard elle reconnut ses torts et fit des excuses. Comme elle était changée au physique et au moral ! Quand je sortis, elle était encore en prison.