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Page:Ridel - Ma captivité dans les prisons de Séoul, 1901.pdf/156

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MA CAPTIVITÉ

— Tu n’as pas l’air content de retourner dans ton royaume, mais dis-moi, aurais-tu commis quelques crimes contre ton gouvernement ?

Je répondis simplement :

— Non, je n’ai commis aucun crime contre mon gouvernement.

Pauvres gens ! ils ne comprenaient pas mes sentiments ! Mais il était inutile de leur expliquer ma position, et encore moins mes projets pour l’avenir.

Chassé de force de la Corée, je n’abandonnais pas pour cela ma mission ; mais quand pourrais-je revenir au milieu de mes enfants ? Puis la pensée du sort réservé aux prisonniers. J’avais bien des motifs d’être sérieux. J’en entendis un autre qui disait : « Il faut vraiment que ce soit un homme bien-aimé du ciel ; quelle chance il a eue ! Jamais jusqu’ici on n’avait vu chez nous une chose semblable. »

Le 10 juin, on me remit des habits neufs de mauvaise toile en me disant que le lendemain je devais quitter la capitale. Le soir, assez tard, quelques satellites du tribunal de droite vinrent avec leur chef Ni, qui, l’air fourbe et un mauvais rire sur les lèvres, me dit :

— Tu vas retourner dans ton pays, par conséquent tu n’auras plus besoin des livres coréens