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Page:Ridel - Ma captivité dans les prisons de Séoul, 1901.pdf/174

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MA CAPTIVITÉ

Les habitants de Hpyeng-yang ont la tête chaude, ils sont tapageurs et audacieux. Ce sont eux qui ont mis le feu à la petite goëlette américaine, le Général Sherman, échouée sur la rive du fleuve et qui en ont massacré l’équipage. Ce sont eux qui se sont présentés pour chasser les Français de Kang-hoa. Le commerce y est grand, actif, et la ville est toujours en mouvement.

Après avoir parcouru une longue plaine coupée de montagnes, nous arrivons sur les bords du Tai-tong-kang, que nous traversons sur de longues barques plates. Bientôt nous sommes à l’autre bord et nous entrons dans la ville en traversant une porte épaisse et sombre.

Quand on m’eut reconnu, ce fut un bruit de la foule qui se précipitait, comme les flots de la mer, et bientôt devint si compacte, que les porteurs ne pouvaient plus avancer. J’étais toujours caché à tous les regards. « Il faut le voir, il faut le voir, » criait-on de tous côtés, « découvrez la chaise » ; dans un instant les rideaux sont enlevés et la foule se presse de plus en plus pour me contempler. Le mandarin crie, sa voix ne peut dominer le bruit ; les porteurs font tous leurs efforts, les satellites armés de bâtons frappent à droite et à gauche. Enfin on me conduit