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Page:Ridel - Ma captivité dans les prisons de Séoul, 1901.pdf/190

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MA CAPTIVITÉ

« Comme le peuple chinois est doux et tranquille ! quelle différence avec le caractère de notre peuple emporté, colère, vif, toujours remuant ! »

J’approuvais d’autant plus volontiers que ce pauvre vieux, la veille, m’avait mis sous les yeux deux exemples de son caractère hautain et peu patient. Au passage de la rivière, il avait remarqué un Coréen qui, tout occupé à me regarder, oublia qu’il fumait devant son mandarin. Celui-ci, transporté de colère, lui fait arracher la pipe de la bouche et ordonne de le frapper sur la tête avec un gros bâton qui servait à soutenir la chaise dans les endroits difficiles. Le pauvre homme avait beau s’excuser sur sa distraction, et demander pardon, le mandarin, hors de lui, ne l’écoutait pas. Indigné de ce traitement, je m’approche de ce furieux et je lui dis tranquillement : « C’est assez. » Honteux de m’apercevoir en cette circonstance, il se mit à sourire comme si rien n’était arrivé, et le malheureux fut lâché. Un autre fois, je ne sais pour quel motif, je le vis encore se mettre en colère, sa figure était en feu, sa gorge ne pouvait articuler aucun son. Et c’était là un des pères du peuple !

Les Chinois, surtout ceux du nord, sont donc bien doux, comparés aux Coréens tapageurs. Cependant sans ces deux précédents, j’aurais