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Page:Ridel - Ma captivité dans les prisons de Séoul, 1901.pdf/27

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Mgr RIDEL.

Au commencement de l’année 1866, les Russes établis dans l’île de Ouen-San avaient demandé au gouvernement coréen la liberté du commerce. Le gouvernement s’émut, il connaissait par les Chinois la valeur des Européens et il la redoutait, mais suivant la politique habituelle des Orientaux, il essaya de temporiser : « La Corée, répondit-il, est tributaire de la Chine, elle ne peut faire aucun traité avec les étrangers sans l’assentiment de la cour de Péking. »

L’anxiété cependant était grande dans tout pays, et les ministres ne cachaient pas leur inquiétude.

C’est alors que quelques nobles de Séoul, chrétiens assez tièdes du reste, pensèrent que l’occasion d’obtenir du gouvernement la liberté de conscience, et de se faire du même coup une grande réputation de patriotisme et d’habileté, était trop belle pour la laisser échapper. Ils présentèrent au prince régnant un long mémoire, dans lequel ils exposèrent que l’unique moyen de se soustraire aux envahissements de la Russie était de faire un traité avec la France et l’Angleterre ; ce qui, selon eux, serait mené facilement à bonne fin par l’entremise des évêques.