Aller au contenu

Page:Ridel - Ma captivité dans les prisons de Séoul, 1901.pdf/59

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
51
DANS LES PRISONS DE SÉOUL.

chaque jour je me disposais à mourir. Aussi, par une grâce spéciale de Dieu, je ne fus pas effrayé de cette nouvelle.

C’était une bien grande faveur, j’allais être déchargé du fardeau qui m’avait été imposé depuis plusieurs années ; j’allais avoir le bonheur de confesser Notre-Seigneur, de mourir pour sa gloire, c’était mon passeport pour le ciel et la bienheureuse éternité. J’étais prêt et dispos, calme et sans trouble, je m’abandonnai entièrement au bon plaisir de Dieu, et priai, pour mes chers Pères et nos pauvres chrétiens.

Vers quatre heures, on vint m’avertir que les agents des satellites gardaient les deux extrémités de la rue, il était impossible de fuir. Quelques instants après, un grand bruit se fait, j’entends les portes qui s’ouvrent, les croisées qui sont brisées et les pas d’un grand nombre d’hommes qui se précipitent de tous côtés ; la maison était envahie. En un instant ils ont pénétré dans la chambre où je me tiens debout, je veux leur adresser la parole ; mais à peine m’ont-ils reconnu, que cinq d’entre eux se précipitent sur moi, et me saisissent par les cheveux, la barbe, les deux bras, en criant, hurlant pour se donner du courage ; puis, sans me laisser le temps de prendre mes souliers, ils me font tra-