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DANS LES PRISONS DE SÉOUL.

cette position ; pour adoucir un peu la chose, ils me dirent :

— C’est une coutume ici, quand pour la première fois on reçoit un hôte, on lui fait passer le pied dans cet instrument.

Je pus me coucher sur le dos, et avec un peu d’adresse, me mettre sur le côté ! Fatigué que j’étais de cette nouvelle vie, je dormis quelques heures. Ce qui me gênait le plus, c’étaient deux individus couverts de haillons, qui, couchés non loin de moi, se remuaient dans la paille, poussaient des soupirs, et ne cessaient de se gratter pour déplacer la vermine qui les dévorait ; ils m’avaient tout l’air d’être les bourreaux qui devaient m’exécuter, leur figure était affreuse ; j’appris plus tard que c’étaient des mendiants, employés dans la police secrète ; dans la suite, j’eus occasion de voir les bourreaux ; ils ont la figure encore plus hideuse.

J’ignorais ce qui pouvait arriver ; en tout cas, je n’avais pas d’illusions à me faire ; ce qui était arrivé à mes prédécesseurs me disait assez le sort qui m’était réservé. Lorsque, le 31 janvier, j’entendis quelques mots d’une conversation secrète, on parlait d’exécution pour le lendemain. Le jour, il m’était difficile de me recueillir ; mais la nuit étant plus tranquille, je la passai à