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DANS LES PRISONS DE SÉOUL.

— Pourquoi te frottes-tu les mains ainsi ?

— Sorti d’une chambre chaude, au milieu de la nuit, j’ai froid…

— Tu as froid ! eh bien, qu’on l’emmène et qu’on le traite bien.

Puis il remit pour moi au chef des satellites une petite boîte de gâteaux de Chine.

Que pensait, que faisait le gouvernement ? C’était à n’y rien comprendre, sinon que, dans le conseil, il y avait à mon sujet une grande hésitation.

J’ai entendu un jeune homme qui disait :

— Hier soir, il y a eu une dispute terrible à la préfecture de police, deux ministres se parlaient avec colère, et sont restés jusqu’à minuit sans pouvoir se mettre d’accord.

— À propos de quoi ? lui demanda-t-on.

— À propos de l’Européen.

Et ces scènes arrivaient fréquemment, paraît-il. Les uns voulaient me renvoyer en Chine ; les autres, au contraire, voulaient me mettre à mort. Un scribe me dit un jour : « On a envoyé en Chine pour consulter le gouvernement à votre sujet, et ce qu’il ordonnera de faire, on le fera. » D’autres disaient : « Quand les autres Pères seront arrivés, on décidera, vous feriez bien de les appeler et de leur donner l’ordre de venir. »