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Page:Ridel - Ma captivité dans les prisons de Séoul, 1901.pdf/84

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MA CAPTIVITÉ

bâton, ou plutôt d’une planche longue de huit pieds, s’approchait ; au commandement du chef, il levait son instrument, et frappait le coupable qui criait à chaque coup ; mais pour étouffer ses cris, deux autres soldats chantaient sur un ton différent : ieu, oh, i. Les coups se succédaient, à des intervalles assez rapprochés, pendant lesquels le chef faisait encore une petite admonition qui devenait de plus en plus sévère. À chaque coup les deux soldats chantaient plus haut, et le patient criait plus fort.

Il y a manière de donner les coups, aussi les soldats entre eux savent s’épargner, et bien souvent cette bastonnade n’est qu’une comédie ; mais j’en ai vu qui, ayant reçu dix coups de cette planche, avaient la peau profondément enlevée ; ils perdaient connaissance, et il leur fallait un mois pour se remettre.

La religion de tous ces gens employés à la préfecture, comme celle des nobles et des fonctionnaires, est le culte de Confucius. Ils le respectent, le louent, l’admirent, lui font des sacrifices. Ils sont fiers de ce culte, et accusent les Chinois d’indifférence à l’égard du philosophe. Plusieurs fois ils m’ont dit : « Nous avons une doctrine, la doctrine de Confucius, nous n’avons pas besoin d’en avoir une autre, nous n’en voulons pas d’autre. »