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Page:Roy - L'épluchette, contes joyeux des champs, 1916.djvu/23

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L’épluchette

Une minute après arrivait la tempête,
Mais avec un couvert au-dessus de sa tête,
Le voyageur pouvait narguer tout ce fracas,
En rire, s’en moquer, en faire peu de cas !
Ah ! combien différent s’il n’eût eu cet asile ?
Narguer les éléments eût été moins facile !
L’étranger dit son nom : Jean-Baptiste MAUGRAS.
Il était voyageur et faisait dans les draps ;
Mais dans le moment jouissant de vacance,
Maugras était venu renouer connaissance
Avec un vieil ami dans ce coin du pays.
Dans une promenade il manqua d’être pris
Par l’orage. Voilà ! Jean parla de sa terre ;
Qu’avait-il autre à dire ? et l’on but de la bière
Blonde comme succin, vidant mainte santé
À la dame céans, Gros-Jean, sa parenté,
À l’hôte aussi. Dehors, pendant ce temps, l’orage
Cessait, puis aussitôt reprenait avec rage.
Sur ce, l’habitant dit : — Vous ne pouvez partir
« Par un semblable temps. Faites-nous le plaisir
« De rester cette nuit. » On tomba d’accord vite ;
Maugras ayant encor pour rentrer à son gîte
Long trajet à franchir. De propos à propos
S’écoula la veillée et, l’heure du repos
Ayant enfin sonné au cartel en vieux cuivre,
À son hôte, Gros-Jean fit signe de le suivre.
Dans la chambre assignée à Maugras se trouvait
Un berceau dans lequel un jeune enfant rêvait.
« Vous m’excuserez bien s’il ne m’est pas possible. »
Dit Jean, « de faire mieux, mais Nicole est paisible