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Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 1.djvu/298

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quinze jours que j’attends l’événement tous les matins. La lampe s’éteint faute d’huile. Elle a fourni une belle carrière. Vous ne pouviez pas espérer que ça durerait beaucoup plus longtemps. Retirez-vous, ma chère petite, vous n’avez plus rien à faire ici.

— Laissez-la, dit Jennie. Il ne faut pas fuir les morts comme des ennemis. Est-ce que l’âme de sa grand’mère est morte ? Elle est peut-être encore là qui nous voit et nous entend.

Le docteur haussa les épaules ; mais, électrisée par le tendre spiritualisme de Jennie, je couvris de larmes les joues, les mains et les vêtements de ma grand’mère, en lui disant comme si elle eût pu m’entendre :

— Je vous aime, je vous aime, je vous aime !

— C’est bien, me dit Jennie, dont la figure se détendit dans les larmes ; à présent laissez-moi avec Jacynthe. Quand j’aurai couché cette chère dame, je ferai sa toilette, et vous reviendrez lui parler encore. Ne pleurez pas trop pour ne pas lui faire trop de peine là où elle est.

— Et où est-elle, Jennie ? m’écriai-je éperdue.

— Je ne sais pas, mais avec Dieu, pour sûr ; il est avec nous aussi, on n’est donc pas si séparé qu’on croit.

La foi robuste de Jennie me soutint. Je veillai