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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

Il faut voir les théâtres regorger de prostituées dansant le cancan avec cette noble population bourgeoise qui se laisse insulter par le monde entier, qui souffre les trahisons de son gouvernement infâme, et qui cuve son vin et sa honte sur les marches des mauvais lieux. Si le peuple ne s’endort pas sous le fardeau, tout cela est bon, parce que c’est le craquement révolutionnaire qui se fait tout doucement. Mais, mon Dieu, il faudra que ce peuple ait bien du cœur, de l’énergie et de la vertu, si tout ce poison qui découle sur lui ne le corrompt pas.

Bonsoir, mon vieux ; viens toujours nous voir. Je t’embrasse.


CCV

À M. L’ABBÉ DE LAMENNAIS, À SAINTE-PÉLAGIE


Paris, février 1841.


Ce à quoi je tiens avant tout, monsieur, c’est que vous ne croyiez point qu’un sot amour-propre blessé pût jamais me faire abjurer les sentiments d’affection et de respect que je vous ai voués. Quand même j’aurais eu la certitude que vous aviez voulu m’adresser du fond de votre prison une leçon incisive, comme on me l’a donné à entendre de toutes parts, je l’aurais acceptée, non pas sans douleur, mais du moins sans amertume.