Page:Schlick - Gesammelte Aufsätze (1926 - 1936), 1938.djvu/205

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la transmission d’une structure relativement constante, ou, plus correctement encore, une série continue d’événements ayant approximativement les mêmes structures.

Si (dans le langage de la métaphysique traditionnelle) je pouvais sortir de ma propre conscience le vert d’une couleur dont je fais l’expérience et le mettre dans celle de quelqu’un d’autre, alors il aurait le vert lui-même, et non une expression de ce vert. Nous n’utilisons pas le mot « expression » à moins qu’il n’y ait un autre matériau qui, pour ainsi dire, porte le sens de l’expression, et cet « autre » exclut le contenu original. L’expression implique un moyen de communication qui ne saisit pas (si c’était possible) le fait ou l’objet lui-même, qui ne lui fait rien, mais qui le laisse entièrement tel qu’il est et là où il est, ne nous transmettant que les caractéristiques qu’il peut partager avec d’autres matériaux. Je pourrais être tenté de dire : ces caractéristiques sont la structure, et le reste (qu’il soit appelé « matériel » ou autre) est le contenu, mais une telle figure de style serait tout à fait trompeuse, car elle semble donner une description indirecte du contenu — ce que nous savons être impossible. Et je pourrais être tenté de dire que le contenu ne peut pas être exprimé par le langage parce que la nature du langage est l’expression et non le transport ; mais là encore, cela donnerait une impression erronée, comme s’il y avait un sens à parler du transport du contenu, et nous savons que ce n’est pas le cas.

Nous pouvons dire que nous exprimons un fait par un autre fait (une phrase, un geste, etc.), mais parler d’exprimer un contenu est une contradiction en soi, comme faire de la musique sans sons ou de la peinture sans colorants. Ces choses ne peuvent être faites non pas parce qu’elles sont trop difficiles et dépassent les facultés humaines, mais parce qu’elles n’existent pas : la phrase dans laquelle nous semblons en parler est dépourvue de sens dans le même sens qu’il est dépourvu de sens de parler d’un « carré rond ». (Je n’ai pas besoin de rappeler au lecteur que la phrase « il n’y a pas de carré rond » ne peut pas être interprétée comme affirmant la non-existence d’une certaine chose appelée carré rond, mais doit être comprise comme disant que la combinaison des mots « carré rond » n’a pas de sens).