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Page:Stahl - Maroussia, 1878.djvu/150

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MAROUSSIA

Maître Ivan l’interrompit :

« J’ai mal à la tête, dit-il ; au lieu de bavarder, tu ferais mieux de m’apporter un verre d’eau-de-vie.

— Oh ! avec plaisir, maître Ivan, avec le plus grand plaisir ! s’écria le vieux Knich. Quel bonheur de pouvoir vous servir, maître Ivan, quel bonheur !… »

En regardant son visage radieux, c’était à se demander s’il ne s’estimait pas trop heureux de pouvoir, une fois de plus, servir maître Ivan.

Il courut, fier comme un roi, au buffet. Maître Ivan le suivit.

Le soldat gardait son air farouche, mais il se mit à relever ses moustaches comme quelqu’un qui s’attend à de bonnes choses.

« Mettez-vous là, maître Ivan, mettez-vous là, disait le vieux, je vais à l’instant remplir le petit verre… Prenez place, prenez place…

— Je n’ai pas le temps de m’asseoir, répondit maître Ivan, insensible aux prévenances du vieux, donne vite, j’avalerai debout… Tiens-tu l’argent prêt ? Je suis pressé, je dois filer…

— Vous êtes pressé, maître Ivan ? Quel contretemps ! C’est une eau-de-vie comme on n’en trouve plus, et, si vous n’étiez pas pressé, vous pourriez la déguster comme il faut. Je vous dirai, maître Ivan…

— Tiens-tu l’argent prêt ?

— Je le tiens prêt, maître Ivan, à votre service ;