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Page:Stahl - Maroussia, 1878.djvu/97

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LA FUITE.

choir brun qui couvrait entièrement sa tête blonde et ses épaules rosées.

L’envoyé la regarda tendrement et sourit. Pendant un instant il ne voulut ou ne put rien dire.

Quand il répondit enfin, sa voix était bien basse, si basse qu’on eût dit que ce n’était pas la sienne :

« Tu connais bien le chemin, Maroussia ? demanda-t-il.

— Je connais très-bien ce chemin. Il faut aller toujours droit jusqu’au petit lac, et puis, étant arrivé près de ce petit lac, on tourne à droite, et dès qu’on a tourné, on aperçoit du haut d’une montée le toit de la maison de Knich. Une fois là, on ne trouve pas de difficultés pour arriver à Tchiguirine. J’ai bien entendu quand Knich disait à mon père : « À moins d’être un niais, on va facilement par ce chemin. »

— Connais-tu ce Knich ?

— Je le connais, il vient souvent chez nous.

— Il te recevra bien ?

— Je n’en sais rien… je crois que oui.

— Et s’il te recevait mal ?

— Mais il ne pourra jamais nous trahir, pas vrai ? C’est un ami… Oh non ! un ami de mon père ne peut pas être un traître.

— Sais-tu, Maroussia, continua l’envoyé en regardant fixement la petite fille, sais-tu que le pays est plein d’étrangers, de soldats, de gens sans pitié ? Sais-tu que nous ne rencontrerons que des ennemis,