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Page:Yver - Princesses de Science.djvu/125

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III

Comme pour lui laisser voir, par les larges baies vitrées du salon, les feuillages, les statues, les oiseaux de ce Luxembourg qu’elle adorait, l’oncle Guéméné avait placé au fond de la pièce le portrait de sa femme. Un mystère régnait ici, éternisant la présence de la morte. Le métier à broder demeurait encore près de la cheminée, avec les soies pendantes et une aiguille fixée par la rouille dans le cœur d’un œillet. Et sur le tapis, à cet endroit, la laine un peu décolorée gardait encore l’empreinte de deux pantoufles fines qui s’y étaient posées, lors des longues heures de travail. Les choses semblaient attendre son retour, inlassablement. Souvent, avec une discrétion pieuse, on ouvrait la porte. Le veuf entrait d’un pas assourdi. Il demeurait oisif, les mains jointes, à contempler le métier, le piano, la glace.