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princesses de science

cette fille pauvre, dans sa robe misérable et usée, faisait à ce moment une incomparable femme. Tranquille et sereine, elle secoua, de son geste ordinaire, les miettes de sa jupe, et s’en fut vers la porte, de son allure dansante. Avant de disparaître, elle sourit à ses amis qui expliquèrent :

— Au second étage, la porte à droite… vous le trouverez là… Nous vous laissons aller seule.

— Dans cinq minutes, vous viendrez me rejoindre, fit-elle.

Le docteur et sa femme achevèrent le repas en silence. Un trouble les avait saisis. Tous deux songeaient au mystère de ces belles fiançailles qui s’accomplissaient en ce moment sous leur toit. Elles étaient joyeuses, calmes et sans nuage ; et ils pensaient aux leurs qui avaient été mélancoliques. Cette étrange Dina s’en était allée à l’oblation de sa gloire, de sa science, de sa personnalité, de tout son « moi », enfin, avec une simplicité de petite fille. Des comparaisons pénibles s’imposaient à l’esprit de Thérèse et de Fernand.

— Montons-nous ? demanda le mari.

— Laissons-les encore un peu, dit Thérèse.

Une demi-heure plus tard, ils ouvrirent la porte du cabinet de Fernand. Pautel avait les yeux rougis sous le cristal du lorgnon. Dina portait encore sur ses joues délicates la flamme et l’orgueil du premier baiser, et tous deux se tenaient par la main, naïvement, comme les fiancés du peuple. Guéméné