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Page:Yver - Princesses de Science.djvu/166

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princesses de science

et sa femme se répandirent en félicitations. Le tableau était singulièrement banal de ce garçon flegmatique et de cette fiancée en robe de pilou, qui s’étaient joint les mains comme dans une photographie campagnarde. Dina Skaroff n’était plus qu’une insignifiante jeune fille destinée à vivre dans le sillage de son compagnon. La petite Princesse de Science qui, tant de mois, avait promené par les hôpitaux parisiens l’austérité de sa blanche livrée d’externe, les promesses de son talent, s’effaçait dans l’ombre d’un homme. Les médecins ne la verraient plus ; elle glisserait lentement dans un abîme d’oubli. Thérèse trouvait cela triste comme un enterrement, mais elle s’efforça à des propos d’élémentaire courtoisie.

— Vous avez de la chance, Pautel ; oui, vous avez de la chance !… Et vous, Dina, vous ne tirez pas non plus le mauvais numéro… Allons, vous ferez un gentil ménage… n’est-ce pas, Fernand ?

Elle se retourna pour chercher des yeux son mari : Guéméné avait disparu. Elle allongea la tête vers la pièce contiguë, son cabinet de travail ; il était vide.

— Où donc est Fernand ? répéta-t-elle.

Puis, prenant ce prétexte pour offrir aux amoureux un nouveau tête-à-tête, elle redescendit à la salle à manger en appelant son mari. Les domestiques desservaient la table : ils croyaient Monsieur là-haut. Sans savoir pourquoi, Thérèse eut au cœur une légère angoisse. Elle remonta deux étages si vite qu’elle s’essouffla un peu.