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Page:Yver - Princesses de Science.djvu/18

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princesses de science

Oh ! Thérèse, vous ne saurez jamais ce qui s’est passé en moi quand j’ai revu votre chère image et que mon cœur trop lourd s’est déchargé en sanglots et en larmes, en larmes d’enfant, en larmes passionnées, pour avoir reconnu votre mince blouse blanche et votre chignon noir, dans le fond un peu flou de cette photographie !

Son émotion, sa pâleur, son tremblement, touchèrent la froide fille ; elle dit gravement :

— Mon bon Guéméné, vous m’aimez tant que cela ?… Merci…

Il lui prit les deux mains qu’il broya dans les siennes, puis, secouant la tête, lentement il balbutia :

— Jamais… jamais… je ne pourrai vous dire à quel point je vous chéris, Thérèse.

Et, en même temps, il eut l’orgueil de lire en cette femme, uniquement occupée jusqu’ici de ses études, un trouble nouveau. La vie sentimentale s’éveillait en elle. Il la tenait déjà à demi enchaînée, et, sans révolte, elle laissait river à ses nerveux poignets de vierge « cérébrale » ce premier anneau de servitude qu’étaient les mains amoureuses du jeune homme. Celle dont l’apparence impassible annonçait une créature exempte de rêve et d’émotion se révélait mystérieuse et vibrante. Avec une timidité qui étouffait le son de sa voix, elle murmura :

— Fernand…

Ils eurent quelques minutes de silence et de recueillement, puis mademoiselle Herlinge reprit :