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princesses de science

— Certes, je ne pensais guère au mariage. Depuis que je suis étudiante, je vis entourée de garçons ; ils n’ont jamais songé à me faire la cour. C’est de l’ennui que naît souvent cette idée chez les jeunes filles. Dieu merci, je n’ai guère eu le temps de m’ennuyer. Pourtant, j’ai plusieurs fois souhaité d’être aimée. Chose curieuse, sans en faire aucun cas, j’enviais l’amour ; ce ne furent d’ailleurs jamais que de vagues et passagères imaginations, touchant un avenir lointain et vague. En toute sincérité, Fernand, je ne vous aime pas encore, mais peut-être cela viendra-t-il : je vous estime tant, mon ami !

Elle eut un sourire qui ressemblait à une éclosion de tendresse. Le docteur dit, à son tour :

— Vous portez un nom illustre ; une carrière glorieuse vous attend. Je ne suis qu’un médecin de petites gens, sans éclat, sans fortune ; j’ai dû patiemment attendre la formation d’une clientèle avant de vous offrir ma vie. Pourtant, Thérèse, ce pain quotidien une fois assuré, je n’ai pas hésité à vous demander d’être ma femme, avec la certitude que le bonheur dont je vous entourerai fera, dans notre mariage, mon apport digne du vôtre. Vous n’êtes pas une jeune fille que séduisent les vanités. Je suis un honnête homme et je vous aime, tout simplement. Voulez-vous de moi ?

— Oui, prononça-t-elle, très émue et très grave.

Il eut comme un sursaut de bonheur éperdu, et, cachant sa tête dans ses mains :