Aller au contenu

Page:Yver - Princesses de Science.djvu/22

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
12
princesses de science

— Vous parlez ainsi, Thérèse, parce que la vie affective est neuve en vous, que vous ne la connaissez pas bien ; vous demeurez encore trop étudiante pour être femme, complètement. Peu à peu, l’amour tuera l’étudiante en vous, et, à l’heure où s’épanouira votre âme féminine, vous comprendrez enfin pourquoi je réclame de vous le don absolu, sans réticence, sans arrière-pensée. Bien plus, vous en éprouverez le désir, la soif, comme une vraie femme !

— Une vraie femme ? Mais je le suis, je pense, et intégralement, puisque j’ai conquis toute l’intellectualité possible ! La demi-femme est celle dont le cerveau reste atrophié. Et vous voudriez que je me rapetisse à cet état ? En vérité, je me demande quelle est votre pensée, mon pauvre Guéméné !

— Ma pensée, vous la voulez ? Eh bien ! je suis un homme, je cherche ma compagne, pour faire ma vie avec elle, parce que c’est la loi, parce qu’il me faut un foyer, et une gardienne à ce foyer. Je veux bien trimer tout le jour, courir de maison en maison, ausculter des cœurs, faire cracher de vieux asthmatiques, délivrer des femmes, palper des nouveau-nés, constater des décès, mais à condition que cette partie assommante de la vie, qu’on appelle le métier, une fois accomplie, je trouve ma maison douce et une amie qui m’y attende. Cette amie, — je suis peut-être égoïste, mais je suis un homme et un homme normal, — je la veux pour