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Page:Yver - Princesses de Science.djvu/318

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princesses de science

Insidieusement, l’hôpital reprenait Thérèse par toutes les séductions ensorcelantes qu’ont les milieux d’études pour certains cerveaux avides. Comme une âme religieuse qui aurait quitté l’église et y reviendrait, — sensuellement attirée par les griseries de l’encens, des cierges, de la mystique atmosphère, — l’iodoforme, la sérénité des murs blancs, l’inconnu de la maladie couchée dans tous ces lits, lui rappelaient ses ardeurs d’interne, ses plaisirs d’autrefois. D’ailleurs Artout la tentait : il lui reprochait sa longue absence ; on devait, à son avis, se défier de la routine où vous entraîne le courant journalier de la clientèle, travailler sans cesse, se tenir toujours en éveil, et pour cela pratiquer les cliniques. Il lui montra une tumeur étrange. Thérèse avait reconnu une maladie semblable chez une de ses clientes. La similitude des deux cas en confirmait le diagnostic. Ils formaient un sujet précieux. Artout déclara :

— Vous devriez faire un rapport.

Le brave homme voulait que tout son monde travaillât ferme.

Thérèse était reprise. Un élan nouveau l’emportait vers les pures joies de l’esprit qui ne déçoivent pas. Elle retourna à Beaujon le lendemain, elle y multiplia ses visites…

Un soir, Guéméné revint dîner plus tard que de coutume ; elle était à table déjà, ayant à travailler dans la soirée et n’ayant pu attendre, dit-elle pour s’excuser. Son mari ne l’entendit guère.