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Page:Yver - Princesses de Science.djvu/320

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princesses de science

Véritablement, ce soir-là, il avait eu, en revenant à Thérèse avec cet instinct si fort qui presse l’homme de tout confier à sa compagne, un regain de confiance affectueuse. D’un mot elle l’avait rendu muet, gâtant tout le charme de son espoir. Il en aurait pleuré. Peut-être, au fond, avait-elle raison, et il se souvint de son premier échec : du malheureux Jourdeaux. Et pourtant Boussard croyait en lui. À cette idée, il se sentait dans l’âme une gloire mystérieuse et naissante : n’aurait-il donc personne à qui la confier ?

Alors il se rappela la discrète et douce amie qui devait être maintenant de retour, et l’allégement qu’il éprouva, en pensant que demain il la reverrait, mesura l’empire bienfaisant que la charmante femme avait pris sur lui, peu à peu.

Ce fut brodant à sa fenêtre, avec le petit garçon à ses pieds et pour le moins cent cuirassiers et fantassins de plomb répandus sur le tapis, autour de ses jupes, qu’il la trouva le lendemain, à l’heure où l’on n’allume pas encore la lampe. Il arrivait joyeusement, ayant toujours dans l’âme un écho de cette voix décisive qui avait dit : « Je crois que c’est le succès ! » Mais, à son aspect, les beaux traits placides de la jeune femme s’altérèrent ; elle pâlit, ses paupières battirent, et, de ses lèvres devenues blanches, elle murmura :