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Page:Yver - Princesses de Science.djvu/357

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princesses de science

ciel bleu qu’encadraient les grands murs de la cour intérieure. Il lui vit des larmes.

— Ce que je fais est stupide ! s’écria-t-il. Je viens ici pour tâcher d’apporter un peu de joie dans votre vie si solitaire et triste : je ne réussis qu’à vous navrer par l’étalage de ma misère.

Elle eut de cette phrase un dépit inavoué, s’étant toujours imaginé, dans son besoin de dévouement, qu’il venait quêter du bonheur et non pas en donner.

— Oui, vous êtes bon ; vous me faites des visites de charité, mais toute mon amitié ne peut vous faire oublier celle qui a été si dure pour vous, et que vous avez tant chérie, celle que, peut-être encore, sans le savoir…

Elle n’acheva pas : un sanglot l’étranglait. Jamais la douce et sereine femme n’avait laissé voir à ce point l’agitation secrète dont elle souffrait ; Guéméné, à ce moment, lut véritablement en elle.

— Mon amie, mon amie, pouvez-vous dire cette chose ! reprit-il plus lucide qu’elle et plus conscient. Vous m’avez fait tant de bien, au contraire, vous avez mis tant de douceur dans mon existence d’abandonné !

— Est-ce vrai ?

Et, quand leurs yeux se rencontrèrent, tous deux rougirent. Ils commençaient à se craindre l’un l’autre. La porte s’ouvrit. Le petit André entra. Il venait d’achever ses devoirs et les voulait montrer au docteur. Sa présence n’irrita ni ne dérangea