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Page:Yver - Princesses de Science.djvu/368

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princesses de science

Mécontent de soi, de cette vie fondée sur une équivoque, acculé à l’impossibilité de se justifier, il retournait chez madame Jourdeaux où l’attendait une autre équivoque. À quoi bon cette retenue près de son amie, dont il n’avait pas le bénéfice près de sa femme ? Mais, il le sentait maintenant, s’il avait voilé d’amitié la tendance passionnée qui les vouait l’un à l’autre, c’était moins en lui scrupule de mari qu’habileté d’amoureux : il connaissait trop bien la douce femme qu’eût épouvantée la réalité de l’adultère. Et il lui en voulait de n’être généreuse qu’à demi. Elle aussi lui gardait une rancune inconsciente de leur situation sans issue. Ils manifestaient maintenant, l’un et l’autre, une susceptibilité déraisonnable : elle lui reprochait sa tristesse qu’elle ne savait plus consoler ; il se plaignait du peu de joie qu’elle prenait à le recevoir. Leurs propos demeuraient tendres ; quelque chose d’aigre et d’amer s’y cachait. Elle lui dit, un jour, excédée de ces griefs subtils qu’il ne cessait d’énumérer contre elle :

— On dirait que vous vous plaisez à me faire souffrir.

— Et vous ! murmura-t-il sourdement.

Elle fut effrayée de ce qu’exprimaient alors les traits de son ami. Elle balbutia :

— Quoi ! je vous fais souffrir, moi ! comment ? comment ?

— Ah ! vous ne savez pas… vous ne voyez pas…

Il se prit la tête à deux mains. Une larme