Aller au contenu

Page:Yver - Princesses de Science.djvu/55

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
45
princesses de science

sette. Je vous le jure, monsieur Fernand, elle était rose et tranquille comme une demoiselle qui aurait fait la veille sa première communion, si ce n’est que, quand elle regardait Monsieur, il lui venait une douceur dans les yeux, et elle souriait, et elle était plus belle… Ah ! Sainte Vierge ! dix ans après, quand on me sonnait le matin pour l’eau chaude, ou le feu à faire, c’était tout comme, sauf que les cheveux de Madame devenaient gris, et que Monsieur ne se gênait plus devant moi pour embrasser ses jolis bras nus. Ils étaient toujours comme des mariés d’hier… Puis, le malheur de cette maladie est arrivé, ils ont fait deux lits. Ah ! ça n’a pas rompu leur amitié, comme on le dit quelquefois, monsieur Fernand. Je l’ai souvent trouvé à genoux, vous entendez, à genoux devant elle, comme si c’était la sainte Vierge ; et, du matin au soir, il ne la quittait pas des yeux. Dire que maintenant, c’est fini, fini… qu’il ne la verra plus !…

Ses larmes redoublaient. Elle les essuya, disant d’une voix entrecoupée :

— Et qu’est-ce que je ferai, une pauvre bourrique comme moi, si Monsieur veut se détruire ?… Est-ce que je suis assez savante pour lui trouver des consolations ?… Je lui parlerais bien du bon Dieu, mais… on n’ose pas…

— Rassurez-vous, Marianne, dit le jeune homme, il est bien courageux, il a plus de force que vous ne croyez.

À ce moment, ils tressaillirent l’un et l’autre.