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Page:Yver - Princesses de Science.djvu/57

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princesses de science

en pleurant au pied du lit, les mains nouées encore à ce beau bras inerte, au froid contact duquel il comprenait enfin la mort !

Fernand Guéméné, frémissant, referma la porte. La servante ramassait les fioles qu’elle avait laissées glisser à terre. Il s’enfuit, sans prononcer un mot.

Dehors, la cohue du boulevard joyeux et bruyant tourbillonna autour de lui, avec ses hauts tramways noirs filant au loin sous les frondaisons vertes, ses brasseries, ses restaurants où des hommes et des femmes mangeaient en plein air, le déambulement des étudiants aux grands gestes, l’affairement de tout le monde aux approches d’un repas. Il pensait à Thérèse Herlinge, triomphante de force et de santé, à ses bras souples, à ses yeux tranquilles et gais, à sa parole harmonieuse et troublante. Peut-être était-elle occupée de lui et désirait-elle qu’il revînt… Ah ! ce que la mort peut vous prendre un jour, faut-il négliger d’en jouir, quand la vie, bonne et bienfaisante, vous l’offre ?

Car Thérèse pouvait être sa fiancée, demain, ce soir, à l’heure même, s’il renonçait à la condition trop dure qu’il lui avait posée. Et il l’enlacerait dans ses bras, comme l’autre avait enlacé son amante, mais, au lieu d’un corps glacé, d’une statue rigide, ce serait la forme gracile, noble et palpitante de l’admirable fille…

« Il a crié comme pour mourir », avait dit de