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Page:Yver - Princesses de Science.djvu/58

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princesses de science

son maître la vieille servante. Oui, on mourait de douleur et d’amour. Est-ce que depuis un mois il était autre chose qu’un malheureux automate, agissant mécaniquement ? Ah ! si elle devait durer ainsi jusqu’au bout, l’existence ne valait pas tant de peines…

Comme il passait le pont de l’Archevêché, l’île Saint-Louis lui apparut, charmante et fraîche, pareille à une longue nef chargée de verdure, et, à la pointe, l’étroite façade de sa maison, à demi cachée derrière les arbres. Des pigeons blancs et des pigeons gris, au vol oblique, de qui les nids dormaient entre les branches, s’ébattaient au-dessus de l’eau, jouaient à passer sous les arches du pont. Un bateau-mouche glissait, long, vif, et sans poids, sur les eaux vertes. Et Notre-Dame, magnifique dans la fraîcheur de son square, noyée par le torride soleil d’août, élevait jusqu’au velours bleu du ciel son abside altière, semblable à une fontaine aérienne, avec ses arcs-boutants qui jaillissaient entre les ogives et retombaient énormes, élargis, comme les jets impétueux d’une eau mystérieuse, durcis en pierre par un miracle ancien.