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princesses de science

veux qui défilent dans mon cabinet en réclamant de moi, avec une niaiserie béate, la guérison de leurs stupides maladies !… Comme si la médecine, ça existait !…

De nouveau, avec humeur, il haussa les épaules. Thérèse Herlinge, ardente néophyte de son art, dévorée d’un zèle passionné pour la science, s’indignait silencieusement.

Elle éprouvait aussi un malaise dans ce milieu étrange, entre la vulgaire Jeanne Adeline, cette doctoresse demeurée sage-femme, débitant par tranches son savoir, dans ses visites à deux francs, et ces deux hommes, médecins de pacotille, l’un faisant commerce de son titre dans la réclame, l’autre, effréné noceur, prolongeant jusqu’après quarante ans, dans les brasseries, sa vie d’étudiant, forcé par la faim à l’exercice de cette médecine qu’il détestait et niait, triste comme un prêtre qui continuerait de célébrer, ayant perdu la foi.

Ce dernier poursuivit :

— Oh ! j’ai un truc. Il faut vivre. Ce n’est pas avec leurs quarante sous de raccroc qu’ils me feraient manger. Ma foi, c’est de bonne guerre : quand on tient un client, il faut en sortir ce qu’on peut ! Alors, j’ai mes plaques.

— Vos plaques ? interrogea l’aristocratique Thérèse, avec un léger frémissement de dédain.

— Mais oui, les plaques électriques, vous savez bien : ça prend beaucoup dans Ménilmontant. Je traite à forfait. À tous ces dégénérés alcooliques, qui