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Théorie des fonctions analytiques/Partie II/Chapitre 10

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Gauthier-Villars (Œuvres de Lagrange. Tome IXp. 274-279).
Seconde partie


CHAPITRE X.

Solution des questions dans lesquelles on propose une relation entre les éléments du contact du premier ordre des surfaces courbes. Construction de cette solution. Équation des surfaces développables.

47. On peut proposer, sur les différents contacts des surfaces, des problèmes analogues à ceux qui nous ont occupés, relativement aux lignes courbes (Chap. III), et les résoudre par des principes semblables. Nous nous contenterons ici de considérer les contacts du premier ordre.

Suivant les formules du no 41, si l’équation

de la surface donnée contient trois constantes arbitraires pour que cette surface ait un contact du premier ordre avec une surface quelconque rapportée aux coordonnées il faut déterminer en par les trois équations

dont les deux dernières se réduisent à la forme

Donc, si la question est de trouver la surface pour laquelle les trois éléments du contact auront entre eux une relation déterminée, il faudra substituer, dans l’équation qui exprime cette relation, les valeurs de et, si cette équation est entre les quantités et on aura une équation du premier ordre en et

qu’on pourra traiter par la méthode générale du no 92 de la première Partie.

Mais, si l’équation dont il s’agit n’était qu’entre les trois quantités la solution du problème serait beaucoup plus simple. En effet, il est clair qu’on peut alors supposer que les quantités soient constantes, et, dans ce cas, l’équation

sera l’équation primitive de l’équation du premier ordre donnée par les conditions du problème, en y substituant, pour une des trois constantes sa valeur tirée de l’équation donnée ; on aura ainsi une équation primitive qui ne sera que particulière ; mais, comme elle renferme deux constantes arbitraires, on pourra, par la méthode du no 83 de la première Partie, trouver l’équation primitive générale qui donnera la solution complète du problème.

On fera donc, suivant cette méthode, si et sont les deux constantes arbitraires, et l’on éliminera au moyen de l’équation

et de son équation prime, prise relativement à la seule quantité équation représentée par

en dénotant par et les fonctions primes de relativement aux variables isolées et

48. Pour voir comment le système de ces deux équations satisfait au problème, on observera d’abord que l’équation

représente la courbe donnée avec laquelle la proposée doit avoir un, contact du premier ordre ; ainsi cette équation résout le problème, quelles que soient les constantes arbitraires et Mais, comme le

contact demandé par le problème exige seulement que les valeurs de et de ses deux fonctions primes et soient les mêmes pour les deux courbes, il s’ensuit qu’il aura également lieu en supposant et variables, pourvu que ces fonctions primes soient encore les mêmes. Or, c’est précisément ce qui résulte du système des deux équations dont il s’agit, comme on peut s’en convaincre par le numéro cité.

Nous observerons ensuite que la surface représentée par le système de ces équations ne sera autre chose que la surface formée par l’intersection continuelle des surfaces représentées par la même équation

en y faisant varier le paramètre de manière que cette surface touchera ou enveloppera à la fois toutes ces différentes surfaces particulières. En effet, si l’on représente, ce qui est permis, cette surface enveloppante par l’équation

dans laquelle soit une quantité variable quelconque, et qu’on cherche à déterminer cette quantité de manière que la même surface touche successivement toutes les surfaces données, il faudra satisfaire à l’équation

pour que les valeurs de et soient les mêmes que celles des surfaces enveloppées. Ceci répond à ce qu’on a trouvé plus haut (no 19), relativement aux lignes courbes.

49. Puisque l’équation

renferme les trois arbitraires qui doivent être déterminées par la combinaison de cette équation avec ses deux équations primes prises relativement à et en regardant comme constantes (no 47), si l’on regarde maintenant ces quantités comme des fonctions de et il est clair qu’on aura aussi séparément les deux équations primes

de la même équation relativement à ces quantités. Ainsi, en désignant par les fonctions primes de la fonction prises relativement aux seules quantités considérées séparément, on aura encore ces deux équations primes :

Soit

l’équation qui exprime la relation donnée entre les quantités en prenant de même les deux équations primes, on aura

et étant les deux fonctions primes de prises relativement à et isolées. Substituant ces valeurs de et dans les deux équations précédentes, on aura

d’où l’on tire cette équation

où la fonction désignée par la caractéristique n’entre plus.

Si donc on substitue dans cette équation les valeurs de en et on aura une équation du second ordre, dont l’équation primitive du premier ordre sera

la fonction désignée par étant arbitraire ; et l’équation primitive de celle-ci entre sera le système de l’équation

et de son équation prime, prise relativement à après y avoir substi-

tué pour et pour la fonction étant la seconde fonction arbitraire. Ainsi on pourra, de cette manière, trouver l’équation primitive de toute équation du second ordre réductible à la forme

les quantités étant déduites d’une équation quelconque

entre les quantités et de ses deux équations primes prises dans l’hypothèse de constantes, ce qui fournit une méthode importante pour les progrès de l’analyse inverse des fonctions de deux variables.

50. Appliquons la théorie précédente aux plans tangents. Nous avons trouvé plus haut que les éléments du contact d’un plan représenté par l’équation

sont exprimés ainsi :

Donc, si l’on a une équation quelconque entre ces trois quantités, laquelle donne, par exemple,

l’équation primitive de cette équation du premier ordre sera représentée par le système de ces deux équations,

en dénotant par et les fonctions primes de et de relatives à La quantité devra être éliminée pour avoir une équation en et la fonction sera la fonction arbitraire.

Cette équation sera donc celle de la surface formée par l’intersection continuelle de tous les plans représentés par l’équation

en faisant varier successivement le paramètre ce sera, par conséquent, une surface développable, puisqu’on peut concevoir que le même plan tangent, supposé flexible et inextensible, s’applique et se plie sur la surface, sans duplicature ni solution de continuité, et, réciproquement, que la surface s’applique et se développe sur le même plan sans se briser ou se replier.

Puisque et on aura

donc l’équation (no 49)

deviendra

savoir

Ce sera l’équation générale des surfaces développables, dont, par conséquent, l’équation primitive sera le système de ces deux-ci,

et dénotant deux fonctions arbitraires de Voir le Tome X des Novi Commentarii de Pétersbourg et les Ouvrages déjà cités à la fin du Chapitre précédent.


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